« Les gens de lettres, historiens, poètes, conteurs, etc., sont d’ordinaire peu familiarisés avec les noms de bêtes, de plantes et de minéraux ; et lorsqu’ils les emploient, il leur arrive souvent d’en altérer soit la forme, soit la signification. Ce fait n’est pas nouveau ; on peut le constater chez la plupart des écrivains, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. Mais c’est particulièrement au règne animal, que se rapportent les erreurs les plus fréquentes et les plus singulières. Avec le temps, elles se sont tellement multipliées qu’il en est résulté une sorte de faune littéraire, très bizarre, dans laquelle les animaux sont déguisés en bêtes de tous genres, et affublés de noms plus ou moins corrompus, voire même incompréhensibles. Tantôt un seul mot sert à désigner des animaux de natures tout à fait différentes, tantôt un même animal porté les noms de plusieurs autres, qui ne lui ressemblent aucunement. » (Jules Camus, La Lonza, p. 1)
Cet essai de littérature comparée et linguistique explore la quête de la véritable signification du terme "lonza" dans l'œuvre de Dante.
En remontant le fil des manuscrits de l'époque, l'auteur s'engage dans un voyage intellectuel à travers les textes anciens, analysant les variations philologiques et sémantiques du terme au fil des copies et des traductions.
L'objectif est de découvrir comment ce mot mystérieux a été compris, interprété et parfois altéré, afin d'en cerner le sens original dans le contexte médiéval.
Jules Camus (1847-1917) commence ses études dans sa ville natale, Magny-en-Vexin, puis les poursuit à Paris au Lycée Louis-le-Grand, avant d'effectuer des séjours en Angleterre, en Allemagne et en Russie pour améliorer ses connaissances en langues. En 1873, il s'installe en Italie où il travaille comme précepteur dans plusieurs familles et se lie avec Ottone Penzig , alors assistant de Pier Andrea Saccardo, et commence à s'intéresser à la botanique. En 1881, il est nommé professeur de français à l'École militaire de Modène, puis chargé d'un cours de langues et de littératures comparées à l'École de guerre de Turin.