Choléra

Louis Chevalier

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ISBN: 978-2-487404-10-6

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L’ étude du choléra de 1832 est l’ occasion de restituer à la démographie, dans les recherches d’histoire sociale, une place équivalente a celle qu’elle occupe dans la description des sociétés contemporaines, de la mêler à l’histoire aussi intimement qu’elle l’est à la sociologie : non seulement pour cette sombre année où la mort exprime tout le reste, toutes les inégalités, toute une vieille misère accumulée, tous les conflits, toutes les haines, toutes les violences – l’anormal étant à la fois la conséquence et la mesure du normal, mais aussi pour les époques les plus apparemment apaisées et pour lesquelles il ne semble plus nécessaire de descendre à de telles profondeurs.

Une telle étude collective apporte à l’histoire de ces années des bénéfices comparables à ceux quel a sociologie contemporaine retire de la démographie. Bien plus, elle se confond avec le récit d’histoire , comme la démographie avec la sociologie du présent.

"Dans une introduction générale au volume, M. Louis Chevalier prononce un vigoureux plaidoyer pour une histoire soucieuse, non pas de donner une simple comptabilité des faits démographiques, mais d'utiliser ceux-ci au profit de l'histoire sociale et situe la place de l'étude de l'épidémie de choléra dans cette perspective. Puis il consacre un important article à l'étude du choléra à Paris où deux atteintes successives de mars au 15 juin puis de fin juin à septembre 1832 ont porté le chiffre des décès provoqués par l'épidémie à 18.402.

M. Jean Vidalenc souligne le contraste dans les départements normands entre la Basse-Normandie, «relativement épargnée» et la Haute-Normandie, « sévèrement touchée » et insiste sur la vulnérabilité à l'épidémie beaucoup plus grande chez les femmes que chez les hommes, fait également bien marqué par les collaborateurs de la région du Nord. S'agit -il là d'une constante, où la peur pourrait constituer un facteur déterminant, ou bien au contraire d'une donnée propre aux départements où l'industrie textile, grosse utilisatrice de main-d'œuvre féminine, tenait une place importante ?

Le Docteur Frioul, pour Bordeaux, M. P. Guiral, pour Marseille, dressent le tableau de deux ports frappés plus tard que le reste du pays par l'épidémie.

Nous attirons l'attention des lecteurs de la Revue du Nord sur l'intérêt de l'étude qu'ont consacrée à Lille deux étudiants de la Faculté des Lettres : M. Charles Engrand et Mlle Monique Dineur 1. Une première partie de l'article précise les conditions générales qui favorisaient la propagation de l'épidémie dans une ville surpeuplée, parcourue par des canaux mal entretenus, ville où la crise économique de 1826-1832 avait encore aggravé les conditions de vie d'une masse ouvrière formant la très large majorité de la population. Structure sociale et conjoncture économique conjuguaient donc leurs effets. Du 31 mai au 9 novembre 1832, dans une ville d'environ 70.000 habitants, l'épidémie provoque 1.608 décès et si l'on rapproche ses chiffres de ceux cités pour Paris et Marseille, on est frappé par la similitude des taux de mortalité cholérique pour les trois villes : environ 22 à 23 %o» sondage trop limité cependant pour en dégager des hypothèses générales. L'influence capitale de la misère sur la répartition de la maladie est nettement dégagée grâce à une étude à la fois géographique et statistique menée avec beaucoup de sûreté et de probité.

Deux articles d'auteurs étrangers permettent de suivre la propagation du choléra en Russie et en Angleterre, où l'épidémie a été plus précoce qu'en France."

(Marcel Gillet,  Revue du Nord , Année 1959,  162,  pp. 228-229)

Auteurs

Louis Chevalier (1911-2001) fut un historien et démographe français, professeur au Collège de France de 1952 à 1981 et spécialiste du milieu parisien. Auteur de Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris pendant la première moitié du xixe siècle (1958), il mêle dans son œuvre statistiques et littérature.